La maternité en Chine : entre tradition, revendications politiques et business

Donner la vie en Chine n’est pas une mince affaire. Les femmes doivent suivre de multiples règles issues de la tradition chinoise pour leur permettre de protéger au mieux leur enfant. Il n’y a pas si longtemps, elles devaient d’ailleurs soumettre leur désir d’enfant au bon vouloir des autorités. Mais depuis l’assouplissement des revendications politiques, les femmes ont gagné en liberté, ce dont les marques peuvent profiter.

Le poids de la tradition

La grossesse

La grossesse est mise en avant en Chine. Les femmes bénéficient d’un congé de maternité de 98 jours (14 semaines contre 16 en France), avec un allongement de 15 jours envisageable en cas de grossesse multiple ou d’accouchement difficile. Des arrangements peuvent être trouvés avec l’employeur, tels que des horaires aménagés. D’ailleurs, les futures mères sont sujettes à des attentions toutes particulières dans un pays où la procréation est maintenant considérée comme insuffisante.

Diverses traditions en lien avec les savoirs de la médecine chinoise se perpétuent : les aliments froids sont proscrits. En effet, pour favoriser l’équilibre du yin (阴 froid) et du yang (阳 chaud), les femmes, naturellement yin, doivent se tourner vers une alimentation « chaude ».

L’accouchement

La Chine est le pays où se pratiquent le plus d’accouchements par césarienne au monde. D’un côté, les Chinoises considèrent que cela permet d’éviter la douleur et qu’il y a moins de risques pour le bébé. D’un autre côté, les médecins préfèrent cette pratique plus rémunératrice, et plus rapide que l’accouchement par voie naturelle. Enfin, la césarienne permet de choisir le jour favorable de l’accouchement selon des méthodes chinoises de divination.

La période suivant l’accouchement

Traditionnellement, la future grand-mère s’installe chez sa fille après l’accouchement afin de prendre en charge l’intendance de la maison et de s’occuper du bébé dès la naissance. Cela permet à la mère de se reposer mais aussi d’observer la tradition « zuoyuezi - 坐月子 », littéralement « le mois où l’on reste assise ». En effet, il est recommandé à la jeune mère de rester alitée durant un mois, de ne pas entrer en contact avec de l’eau (douche, lavage des cheveux, brossage des dents sont proscrits) ou du froid, afin de se protéger des maladies. L’alimentation post-partum se résume à des soupes protéinées pour renforcer la mère et favoriser la montée de lait. Le père reste en dehors de cette relation enfant-mère-grand-mère, il est chargé d’apporter le confort matériel. Une fête (« Bai Tian Jie – 白天节 ») est de plus organisée 100 jours après la naissance, où l’enfant est présenté à toute la famille.

Les ventres féminins au service de la politique

La mise en place de la « politique de l’enfant unique » dans les années 1970

La politique de l‘enfant unique, autrement nommée « politique de planification des naissances » ou 计划生育政策, a été mise en place en 1979 par le gouvernement de la République populaire de Chine. Comme le raconte le livre La Route Sombre de Ma Jian, les autorités politiques utilisent des méthodes pour le moins autoritaires, qui conduisent à des avortements (parfois proches du terme de la grossesse) et des stérilisations forcées.

L’abandon de la politique de l’enfant unique depuis 2013

En 2013, à l’issue du plénum du Comité central, le Parti Communiste chinois a acté un assouplissement de sa politique familiale, élargie en 2015. Désormais, les couples ont l’autorisation de concevoir un second enfant. Toutefois, en dépit de cette possibilité et d’un taux de natalité en chute (de 43 ‰ en 1965, celui-ci est tombé à  10,94 ‰ en 2018), peu de ménages ont saisi cette opportunité, mettant en avant les coûts de l’éducation.

Des opportunités commerciales à saisir

Les femmes sont désormais plus libres pour enfanter, et ne craignent plus de se cacher comme cela a pu être le cas au siècle précédent. Des opportunités se présentent donc pour les entreprises qui souhaitent profiter de ce marché de la maternité et de la petite enfance.

Côté médical

Le développement de cliniques privées dédiées au repos ou centre de repos post-partum (产后健康专科诊所) des jeunes mères est sans précédent. Alors que la Chine n’abritait qu’une dizaine d’établissements en 2000, elle en accueille 4 000 en 2017. Celles-ci proposent le concours d’aides-soignantes, des cours de yoga, des massages pour que les femmes reprennent des forces et perdent du poids.

Côté alimentation

Ensuite, les fabricants occidentaux, et notamment européens (Danone, Nestlé) de produits infantiles peuvent également être les gagnants de cette politique gouvernementale. En effet, depuis le scandale du lait frelaté à la mélamine en 2008, les parents chinois font davantage confiance aux produits étrangers. A l’heure actuelle, les produits alimentaires français jouissent d’une bonne image parmi la population chinoise.

Côté habillement

Le marché de l’habillement est aussi développé en Chine, avec plusieurs marques qui se partagent le marché : Balabala 巴拉巴拉 ouPepco 小猪班纳 pour les marques chinoises. Quelques marques occidentales se sont lancées sur le segment : Gymboree 金宝贝, Baby GAP 宝宝盖璞 et Carter’s 卡特. Côté français, les marques ayant une bonne réputation sont Petit Bateau 小帆船, Catimini 卡迪米尼, Bonpoint et Jacadi 亚 卡 迪.

De plus, les attentes des consommatrices portent sur la modernité et la sécurité (textiles innovants, naturels, matériaux spéciaux de type « anti-ondes électromagnétiques », lait infantile de qualité), le style (élégance, mode) et l’accompagnement (guides, conseils, informations).

D’autres services peuvent être déployés, tels que les photographies de grossesse. Une fois né, l’enfant est réellement au centre de l’attention de la famille, et sans cesse choyé. Tout ce qui peut rassurer les parents et viser le bien-être de l’enfant et de sa mère est valorisé.

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